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Nov/14

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MapStory : Une nouvelle façon de voir les cartes animées?

  MapStory est un service de création de carte géographique en ligne ouvert à la communauté. Cette initiative a été mise sur pied par la MapStory Foundation en avril 2012. Son objectif est de créer un outil de création de cartes sur un modèle ouvert dans lequel tous pourraient participer. De plus, elle espère être en mesure de créer une communauté d’expert en matière de cartographie pour y faire du travail de type production participative.

 

En raison de l’interface utilisée pour présenter les travaux, le terme carte semble un peu dépassé pour être appliqué à MapStory. En effet, on s’éloigne ici du design classique de la carte qui est en fait une image statique avec des informations dessus. Avec MapStory, les créations géographiques s’apparentent plus à des vidéos que des cartes dans lequel s’enchaine une succession d’images dans le but de démonter une évolution à travers le temps. Par exemple, on peut démonter l’entrée en guerre des différents pays au cours de la Grande Guerre en utilisant MapStory. Dans ce cas, on nous montrerait une carte de l’Europe avec des données qui s’afficheraient successivement à mesure que l’on défilerait sur la ligne du temps. Ces informations seraient superposées à la carte de base. Un autre exemple nous présente l’évolution de la ville de Los Angeles à travers le temps. Ici, on voit la ville s’agrandir au fil du temps alors que l’agglomération englobe graduellement les districts qui l’entourent. Cette fois-ci, il n’y a pas d’information textuelle qui est rajoutée, mais on peut observer une évolution géographique de la ville. Dans les deux exemples, on peut voir l’évolution à travers le temps de «l’histoire» de notre sujet, d’où le nom MapStory.

 

  MapStory se veut éminemment ouvert et fonctionne majoritairement avec ce type de donné. Les cartes produites par les utilisateurs sont diffusées sous la licence creative commons et sont réutilisables et modifiables par les autres membres. L’objectif est aussi de pouvoir avoir une évaluation des pairs pour que les cartes subissent une amélioration constante. La diffusion de ses cartes est donc une priorité pour les fondateurs du site. De plus, il est aussi possible d’encaster les cartes à l’intérieur même d’autres sites. Le vidéo d’introduction nous informe même que l’un des buts de la MapStory Foundation est d’un jour voir ses cartes utilisées sur Wikipédia. Un autre aspect intéressant de MapStory est sa fonction de layer ou couches. Ses couches sont en fait le matériel de base de la carte. C’est en superposant diverses couches que l’on réussit à obtenir une carte animée. Prenons l’exemple de la guerre de Sécession américaine. Une couche peut représenter une carte des États-Unis, une autre la division des États selon leurs allégeances et puis une dernière qui représente les grandes batailles. La superposition de ces trois cartes donne comme résultat final une carte animée sur la guerre de Sécession. L’intérêt de ce système est que chaque couche peut être extraite de la carte finale pour être utilisée dans un autre projet. De cette façon, le travail des utilisateurs bénéficie à tout le monde.

 

Comme l’interface de MapStory est un peu complexe à apprendre, les gestionnaires du site ont créé un wiki pour aider les utilisateurs à s’y retrouver. À L’intérieur de ce Wiki, on retrouve plusieurs informations relatives à l’utilisation de MapStory spécifiquement, mais on peut aussi consulter la section MapSchool. Cette section constitue en quelque sorte une formation accélérée sur les principes de géolocalisation nécessaires à l’utilisation du logiciel.

 

Bien que l’initiative MapStory soit intéressante pour son côté ouvert et gratuit, l’interface laisse à désirer. L’impossibilité d’avoir une interface en français peut rendre l’outil plus difficile à utiliser et restreindre son adoption chez les gens qui ne maîtrise pas l’anglais.   L’aspect ouvert peut aussi être problématique. Comme un peu tout le monde peut aller créer des cartes, il arrive que celles-ci soient mal conçues et que l’information y soit mal à être diffusée. Si l’on reprend l’exemple de la carte sur la Grande Guerre, les informations sont si nombreuses et si mal placées qu’elles finissent par se superposer sur elle-même, rendant le tout très difficile à lire. De plus, il existe des solutions dites classiques à MapStory. Il est possible de simplement prendre une image et d’y accoler des animations pour faire le même effet que MapStory. Par contre, cette solution peut être difficile à faire et être relativement couteuse, ce qui n’est pas le cas de MapStory.

 

  MapStory peut donc avoir son utilité pour les historiens en ce qui a trait à la diffusion de l’information sur une carte ou pour simplement avoir une vision globale d’un événement dans le temps et l’espace. Le système de correction par les pairs peut avoir ses bons comme ses mauvais côtés. Par contre, cette caractéristique n’est pas spécifique à MapStory, mais s’applique à plusieurs initiatives ouvertes sur internet comme Wikipédia. Bien que l’interface de MapStory laisse un peu à désirer par rapport à des services comme les cartes animées, le côté gratuit de MapStory laisse entrevoir des possibilités quasi illimitées. Par contre, le fait que les sources ne soient pas toujours citées met un frein à l’utilisation pour la recherche. Il ne faut pas non plus oublier que le développement de MapStory n’est pas encore terminé. Nous en sommes donc à juger un service qui n’est pas encore à son plein potentiel.

 

 

Bref, il serait négligent de la part d’académiciens travaillant sur des données spatio-temporelles d’ignorer totalement les possibilités de MapStory au niveau de la recherche, mais surtout pour la diffusion. Par contre, seul le temps nous dira si le service peut devenir un incontournable dans la trousse à outils de l’historien.

 

 

 

Cédrik Lampron

 

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